Créée en Ille-et-Vilaine, dans le cadre du projet « Territoire zéro chômeur de longue durée », l’entreprise Tezea a déjà embauché cinquante-quatre personnes en dix mois.
La «P’tite camionnette» a quitté le bourg de Pipriac (Ille-et-Vilaine) tôt ce matin. Noëlla et Anthony ne sont pas peu fiers de renouer ainsi avec la tradition des commerces ambulants. Ils ont fait le plein chez les commerçants du bourg, chargé les commandes de produits frais de la veille, comptabilisé le stock avant de sillonner la campagne pour la tournée du jour.
Et ça y va du klaxon dans les villages: « Pour certains clients, c’est la seule visite de la semaine, confie Noëlla. On discute, on rend plein de services, on apporte un peu de bonheur dans les maisons. »
« C’est plus du service que du commerce », souligne Denis Prost, qui coordonne le projet avec le soutien d’ATD Quart-monde. Mais qu’importe. « Cette nouvelle activité d’épicerie ambulante fait aussi partie de la vocation du projet. »
Une loi, votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale, a autorisé dans dix territoires de France, et pour cinq ans, l’embauche en CDI et au Smic, de chômeurs privés d’emploi depuis plus d’un an.
La condition est de recruter, sans sélection, tous les candidats volontaires et de créer ou de solliciter une entreprise de l’économie sociale et solidaire. Dans le pays de Redon (Ille-et-Vilaine), ils ont ainsi monté Tezea et se sont fixés comme objectif, l’embauche des quatre-vingt-cinq personnes. « Déjà, cinquante-quatre emplois ont été créés, se réjouit Guillaume Bonneau qui, avec Serge Marric, assure la direction de l’entreprise. Tout est fondé sur le volontariat, sans souci des qualifications ou des diplômes. Et ce n’est pas le travail qui manque ! »
Une foule d’activités, non concurrentielles, ont ainsi vu le jour avec le soutien des collectivités et des entreprises locales: lavage intérieur de voitures, désherbage des espaces publics, nettoyage de la signalisation, sécurité aux abords des écoles ou encore cette blanchisserie et cet atelier couture.
« Tezea n’est plus seulement perçue comme une structure proposant du travail à des personnes au chômage de longue durée, mais elle devient un levier économique pour le territoire. » Un fonds a été constitué au niveau national, reversant à la structure la somme de 18000€ par équivalent temps plein, correspondant au coût du chômage de longue durée.
Grâce à la contribution du département, elle est passée aujourd’hui à 20000€ du fait des économies réalisées sur le versement du RSA. « Nous avons espoir d’atteindre notre objectif, conclut Denis Prost. Mais, pour cela, nous devons absolument renforcer les fonds propres de l’entreprise et c’est pourquoi nous lançons, jusqu’au 25 janvier, une campagne de financement participatif sur HelloAsso. Le défi est de récolter 50 000 €. Nous comptons sur le soutien de tous ceux qui pensent que ce projet représente un formidable espoir dans le combat contre le chômage. » La générosité est au rendez-vous. 30 000 € ont déjà été collectés.
Source Ouest-France du 09/01/2018