Il y a deux ans, Pipriac et Saint-Ganton (35) décidaient de livrer bataille au chômage de longue durée et de l’exclusion sociale, en embauchant en CDI d’anciens chômeurs à des tâches de bricolage, jardinage, services à la personne. En janvier dernier, l’entreprise Tézéa – à but d’emploi – était créée dans ce but. Son rôle, traquer toutes les miettes d’emploi de ce bassin de vie et proposer son intervention dans des domaines extrêmement variés.
« Sans venir en concurrence avec les artisans ou les commerçants déjà dans la place », précise Denis Prost, salarié d’ATD Quart-Monde qui est à l’initiative de cette croisade contre le chômage de longue durée. Le 10 janvier dernier, les huit premiers CDI étaient signés en mairie de Pipriac. Depuis, 46 autres ont été créés. Et 30 autres devraient suivre dans les mois à venir. « Nos salariés travaillent à environ 80 %, poursuit Denis Prost. Ils sont payés au Smic. Le but, c’est de leur remettre le pied à l’étrier pour qu’ils retrouvent une réelle autonomie, et reprennent leur place dans le monde du travail ». Travailler pour Tézéa n’est pas une fin en soi. C’est une passerelle, un passage.
Le modèle économique de cette entreprise d’un nouveau genre est basé, bien entendu, sur les bénéfices réalisés. Mais elle bénéficie aussi de la réaffectation des allocations et aides anciennement réservées au chômage de longue durée (RSA, CMU). Soit de 15.000 à 20.000 euros par an et par personne.
Selon Denis Prost, le travail ne manque pas. Et la force de Tézéa, c’est d’avoir considérablement élargi sa palette d’activités, en cherchant les niches. « En fait, nous intervenons surtout là où les entreprises habituelles ne viennent pas. En matière de toiture, par exemple, on peut se déplacer pour trois ardoises cassées. Un couvreur ne le ferait pas. On a aussi créé un service de tournée d’épicerie et de boulangerie de campagne avec des commerçants locaux. On a ouvert une recyclerie. Des gens nous donnent des objets (meubles, vaisselle, vêtements, électroménager, CD, livres…) qui permettent à d’autres de s’équiper à petits prix, poursuit Denis Prost. On vend aussi du bois de chauffage, sous conditions de ressource, à des gens qui ne peuvent pas en acheter au prix normal. On s’approvisionne sur des parcelles qui sont difficiles d’accès et peu rentables pour des professionnels. »
Tézéa a aussi monté un atelier de réparation de palettes pour les entreprises du secteur. L’entreprise propose aussi ses services de désherbage manuel dans des secteurs où les herbicides chimiques sont proscrits. Elle s’occupe aussi de la maintenance dans certains établissements scolaires, de sécurité aux abords des écoles, ou encore du nettoyage des panneaux routiers en campagne, là où les services techniques n’interviennent pas. « On s’occupe aussi de nettoyer les dépôts sauvages d’ordures. »
Outre les emplois générés, toutes ces choses créent du lien entre la population et améliorent réellement la qualité de vie. Dans les mois à venir, Tézéa, dirigée par deux directeurs, Serge Marhic et Guillaume Bonneau, s’est fixée pour objectifs de développer une activité blanchisserie à destination des chambres d’hôtes ainsi qu’un atelier de préparation de légumes destinés à des collectivités, et une conciergerie associative.
Pour trois projets, l’entreprise a lancé une campagne de financement participatif. Objectif 50.000 euros en 50 jours. En France, dix autres projets identiques à Tézéa ont vu le jour ces derniers mois. Pipriac ayant une grande longueur d’avance sur les autres.